Elle, tant aimée
Titre origine  Lei cosi amata
Auteurs   MAZZUCCO, Mélania G. (Auteur)
Edition  Flammarion (Librairie Ernest) : Paris , 2006
Collation   439 p.
Illustration   couv. ill. en coul.
Format   24 cm
ISBN   2-08-068881-2
Langue d'édition   français
Langue d'origine   italien
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Givenchy 1073836237314 R MAZ TAdulte / Disponible
Notes : Née en 1908, Annemarie Schwarzenbach tourne très tôt le dos aux moeurs policées de la haute société suisse dont elle est issue. Dans l'Europe de l'entre-deux-guerres, cette figure androgyne, fascinante et rebelle, choisit d'afficher son homosexualité, fréquente soirées mondaines et cercles d'intellectuels du Berlin des années 20, découvrant avec les enfants de Thomas Mann l'amour fou, la création littéraire et le recours aux drogues. Tour à tour écrivain, archéologue, reporter, photographe, cette grande voyageuse parcourt les pays d'Orient dans une quête sans fin et tente par tous les moyens de conquérir l'amour et la reconnaissance que lui refusent les deux femmes de sa vie : Renée, sa mère, et Erika Mann, sa passion de toujours. Mais d'échecs en désillusions, de fuites en abandons, Annemarie ne pourra échapper à son destin tragique. Melania Mazzucco fait revivre avec grâce un personnage d'exception qui a suscité la passion de tant d'hommes et de femmes tombés sous son charme étrange. Ce magnifique roman puise dans la mémoire de toute une génération et interroge encore aujourd'hui le beau visage d'ange inconsolable célébré par Roger Martin du Gard. Née en 1966, Melania Mazzucco vit à Rome. Elle a publié deux romans encore inédits en France (Il bacio della Medusa, 1996, La camera di Baltus, 1998), tous deux finalistes du prix Strega, qu'elle a obtenu en 2003 avec Vita, publié par Flammarion en 2004 (30.000 exs.). Elle, tant aimée a remporté en Italie les prix Vittorini, Napoli, Chianciano et Bari. Extrait du livre : La dame de Bocken pose l'aiguille sur le disque. Une voix féminine plane dans l'air, s'élève dans les aigus et retombe aussitôt. Renée est étendue sur une chaise longue, la tête encore bandée, la jambe douloureuse après une chute catastrophique - il s'en est fallu de peu qu'elle ne l'envoie rejoindre le Créateur. Un événement véritablement insolite. C'est une amazone formidable, et le mot chute ne fait pas partie de son vocabulaire. Le garçon d'écurie est bouleversé, il tremble : il ne sait comment annoncer la nouvelle à sa maîtresse, qui est d'une humeur impossible ces derniers temps, depuis qu'elle est contrainte à l'oisiveté - elle qui ne tient pas une seconde en place -, à paresser sur son fauteuil dans une immobilité forcée. Renée n'est plus si jeune, elle devrait cesser de monter à bride abattue dans les bois qui entourent le lac de Zurich. Mais qui pourrait trouver le courage de le lui dire ? Depuis le gramophone, la voix essoufflée de Brunhilde croasse : Renée a usé ce disque. Il s'agit de Parzifal, bredouille le garçon d'écurie. Renée relève tout à coup la tête. Parzifal est son petit poulain préféré. Un moreau à robe noire, aux pattes fines, au caractère impétueux, la gloire de ses écuries. Il a un peu plus d'un an et demi et il promet de faire des merveilles. Elle le suit pas à pas. Chaque jour, elle va vérifier que son avoine est bien sèche et dépourvue de germes, suivre les exercices de dressage - tout. Il a la colique, murmure le garçon d'écurie. Renée ne perd pas son temps à insulter l'incapable qui a mis la vie de son Parzifal en danger. Donne-moi ma béquille, ordonne-t-elle. Elle s'exprime d'une manière autoritaire, expéditive, comme si le monde était en retard et qu'elle n'avait pas le temps de l'attendre. Elle se lève d'un bond, saisit la béquille et se traîne du côté des écuries. Elle n'est pas encore capable de marcher, et s'il y avait dans les parages quelqu'un doué d'un minimum de bon sens, il l'empêcherait de bouger.