Contient :
Bé vaï, tu rentres à temps ! De surprise, Agathe s’arrête net. C’est que Joseph n’est pas causant, tout le monde le sait. D’aussi loin qu’elle se souvienne, il ne lui a encore jamais adressé la parole. Même pas lorsque, petite fille, elle jouait à mouiller ses sandales dans le ruisseau qui court devant la maison et passe sous le banc de pierre sur lequel il est justement assis. Dans la position ramassée du veilleur prêt à bondir, les deux mains sur sa canne, il désigne de la tête le ciel plombé qu’un éclair vient de zébrer par-delà les toits. Derrière lui, la porte de la maison laisse entrevoir les premières marches d’un escalier étroit et sombre. La fenêtre du rez-de-chaussée est grande ouverte. Se serait-il décidé à descendre occuper les pièces du bas ?